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Haute-Savoie et médecine populaire, deux expressions dont la juxtaposition peut paraître étonnante. En effet, d'une part la Haute-Savoie représente la modernité avec une économie dynamique ; d'autre part l'évocation de la médecine populaire fait surgir dans les esprits des images diverses, celles de pratiques traditionnelles et de coutumes presque oubliées proches de celles rapportées par les légendes. Or la réalité est plus complexe car si la montagne est devenue aujourd'hui synonyme de vacances, de sports et de loisirs, elle a longtemps été considérée comme une région reculée, où il était difficile de vivre, voire de survivre. Face à la maladie, pour guérir des blessures causées par les accidents de la vie quotidienne, les femmes et les hommes faisaient appel à ce qui pouvait les aider. Il existait des traditions familiales de pratiques d'automédication dont certaines étaient un peu effrayantes. Parfois les populations se tournaient vers la religion. Dans les abbayes, les clercs avaient hérité de la science des plantes et de leur bon usage, mais ils n'étaient pas les seuls à en posséder les secrets, des laïques en étaient aussi dépositaires. L'Eglise n'en a pas pris ombrage. Le culte des saints guérisseurs était aussi un recours pour guérir des maux chroniques à moins qu'ils agissaient à titre préventif. Quand la dévotion dont ils faisaient l'objet prenait des formes proches de la superstition, l'Eglise s'inquiétait des débordements que cela pouvait engendrer. Son désir de contrôler la population rejoignait le désir des autorités politiques d'organiser la société et d'en éradiquer les individus dont les pouvoirs thérapeutiques les inquiétaient. Pour les religieux, ils étaient les représentants d'une puissance maléfique. Quant aux politiques, il fallait écarter les guérisseurs et les charlatans afin de mettre en place un système de santé confié à des thérapeutes bien formé. En effet, dans les communautés, un certain nombre de personnes ont reçu le don de guérir, elles viennent en aide à ceux qui souffrent. Ce sont des personnalités en apparence ordinaire, qui inspirent confiance dans les quartiers de villes ou dans les villages où ils résident. Elles inspirent un certain respect en raison du caractère mystérieux de leurs pratiques. Au XIXe siècle, on pourrait se dire que cette page est tournée en Haute-Savoie. En réalité les tradipraticiens existent toujours dans la société haute savoyarde. Les médecines alternatives s'affichent, et ceux que l'on continue d'appeler guérisseurs, magnétiseurs ou coupeurs de feu sont toujours présents, prêts à rendre service à leurs concitoyens.
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