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On la couvrit d'or et de diamants. Elle eut des laquais, des équipages à quatre chevaux. Elle dansa, au café Anglais, pour le grand duc Alexis, sur un parquet jonché de violettes de Parme. Le prince de Galles se pliait au moindre de ses caprices. Dans son lit défilèrent toutes les têtes couronnées d'Europe. Elle s'appelait Louise Weber, mais l'Histoire ne retiendra d'elle que le surnom que lui avaient donné ses amis de Montmartre en raison de son appétit démesuré : La Goulue. Contrairement aux courtisanes de ce temps, elle agissait uniquement selon son cœur, ou le caprice du moment. Aucune cage dorée n'aurait pu la retenir. Elle était d'origine tzigane, et sa passion pour la danse n'eut d'égale que sa passion pour les hommes. La Goulue n'existe aujourd'hui que par les toiles de Toulouse-Lautrec, qui la représente en dansant le quadrille naturaliste avec Valentin le Désossé. Mais elle fut aussi dompteuse, professeur de lutte féminine, diseuse de bonne aventure et même à la fin de sa vie vendeuse de fleurs à la sortie du Moulin-Rouge. Celle qui était née un soir de bal du 14 juillet, celle qui mit Paris à ses pieds tout en demeurant la Reine de Montmartre, mourut misérablement en 1929 dans une roulotte de la zone.
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